Auteurs : Dufaux et Xavier
éditeur : Le Lombard
Difficile de vous parler de cette bédé sans tomber dans une diatribe. Pourtant, tout le web semble s’accorder sur le fait que ce titre soit génial. Je suis bien loin de partagé ces éloges. L’histoire de cette bédé ce passe, vous l’aurez compris, du temps des croisades. Et là où il y aurait matière à de grands développements, des scènes épiques et des intrigues passionnantes, le scénario de cette bédé à choisi de faire dans le grotesque et la caricature. Nous avons d’un côté des croisés mesquins et manipulateurs, gangrénés par des traitres et, en face, des musulmans héroïques servant surtout de détail-pour-faire-vrai. Les personnages sont creux et les relations qui les lies, vraiment attendues. Ici, le décor historique sert de prétexte pour faire gober aux lecteur n’importe quoi conduisant à faire de cette série (car c’en est une, déjà 4 tomes !) un titre ridicule au possible. Niveau crédibilité, on ne va guerre plus loin qu’Hollywood, c’est pourtant bien cet aspect documenté qui est mis en avant. On a donc des hommes mutants, des génies sadhu qu’on fait passer pour des prophètes musulmans, des monstres gluants, des démons vaporeux et des déserts cuisants. Un amalgame qui figurerait dans une anthologie du ridicule mais qui ne semble néanmoins pas gêner nos auteurs.
Le pire dans tout cela, c’est que le dessin très « Lanfeust » n’arrange rien. le trait sobre est correcte de prime abord, mais les personnages semblent d’une case à l’autre ne pas se ressembler. Les profils ne correspondant pas au visage de face par exemple sont assez frappant. Et les scènes voulues sensuelles, ne sont qu’étalage d’anatomie grotesque, les femmes avec des poteaux pour jambes sont bien plus agréable couvertes. Quand à la mise en scène, elle n’a rien de mauvaise, mais elle tombe souvent dans le grand guignol, témoin, le « dépliant-rama » de milieu d’album qui nous oblige à déployer les cahiers, qui en plus d’être encombrant et gênant pour la lecture, est tout à fait inutile à l’intrigue. Les auteurs ont cru avoir une bonne idée, et les voilà qui remette ça à chaque fois, tel un automatisme nécessaire au rythme de l’album. Sauf que l’effet voulu est nul. Dans une bédé, ce n’est pas le format de la page qui produit un quelconque effet, mais bien la mise en scène (sinon les mangas poches ne s’arracheraient pas comme des petits pains). Je cherche encore l’effet voulu de la mise en avant d’un déplacement de troupe. Et puis, il faut le dire, la colo très médiocre n’arrange rien. Elle ne fait que suivre le dessin sans lui apporter de profondeur. Les ombres semblent posées au pif, le travail est même assez grossier par endroit. Certains portraits très réussis sont gâchés par la couleur. Les décors dépouillés sont sans saveurs aucunes : le ciel n’est qu’un aplat de couleurs unies, pareil le sable désertique. La lumière du désert n’est absolument pas retranscrite, on ne sens absolument pas la chaleur accablante. Onomatopées et dialogues sont à l’avenant. Les effets dramatiques ne fonctionnent pas avec des booom ! et des phrases convenues ou des expressions toutes faites. Les mots répétés comme « vivant…vivant.. » ou « invisible… invisible » donnent que peu de crédibilité à une psychologie de contoir.
En somme, alors qu’on se devait d’espérer un bon titre, nous avons entre les mains un titre fade et presque kitch. De là à dire que le titre est mauvais serait un mensonge. L’histoire se suit, même sans nous transporter. Le dessin s’apprécie sans émerveiller. On aimerait que les auteurs se lâchent et aillent plus loin que cumuler les déjà-vue. Car le titre conserve des ponts forts mais se laisse trop facilement aller à la facilité. Dommage !